ACROSTICHE DE LA NUIT
Assez
À la nuit tombée
reflet de l’ampoule nue
son double clin d’œil
Se demander si l’écho
est aussi pur que le chant
Sur mes genoux, chat !
et mes genoux sous la table…
kotatsu vivant
Effleurant de mes doigts gourds
sa tête - plus qu'une caresse
Zézaiement de l’eau
la chaudière réveillée
bien avant l’aurore
tôt
Tambour battant, les nouvelles
je voudrais dormir encore
On-dit répétés
mon oreille se concentre
sur un trille proche
Ternie sous la neige fraîche
la feuille verte à midi
pour
Piétinant l'humus
au-dessous de l'arbre à pain
dentelle des limbes
Ouvrière tisserande
brodant malgré les trois Sœurs
Une araignée file
longeant le mur du verger
je suis en retard
Ronronne son velours noir
une heure avant le soleil
du
Doublant la péniche
sur la passerelle seule
la corne de brume
ULM rouge apparu
ciel enfin sorti des nues
festin
Froissement d’étoffe
du mauve des demi-deuils
la fleur d’orchidée
Épié derrière le voilage
camaïeu au jasmin d'Inde
Soieries lyonnaises
vos métiers ne frôlent plus
les plafonds géants
Tapi aux coins du musée
ce qui fut cris et odeurs
Insuffler la sève
aux racines du vieil arbre
plantes d'alentours
Ne pas trouver le mot juste
une bouture dans l’eau
mystérieux
Mille étoiles roses
ainsi fleurit la taline
fin d'après-midi
Yeuse en feuillage d’hiver
quand d’autres chênes sont nus
Segment de liane
vibrant dans l'air immobile
robinet qui goutte
Trouant la graine, les pousses
s’allongent côté jardin
En quelques matins
le petit pot d’herbe à chat
devenu broussaille
Rejetant les draps dès l'aube
mes orteils prêts au réveil
Iris auréole
la pupille dilatée
ce félin dans l’ombre
Entretissant les ténèbres
fractales dans les fougères
Un chapeau brumeux
le soleil glisse en dessous
avant l’au revoir
X jours de la longue attente
tous les chocolats croqués
de
Détacher la page
d'un calendrier d'A vent
souvenirs en solo
Embrasé sans une flamme
fond le papier d’Arménie
la
Lune qu'on dit vieille
parfums secrets qui s'épanchent
Ô belles de nuit
Approximativement
des lampions dans le brouillard
nuit
Nombre d'or caché
la géométrie exacte
de chaque corolle
Unicité de l’hiver
nuages où tout se vaut
Immobilité
formes floues des cheminées
d’autres fumerolles
Tranquille retour aux rites
d'une journée comme hier
recueillir
Ramdam lumineux
après les ciels pollués
fleuves en miroirs
Enluminure au néon
gommant l'envers du décor
Cortège attendu
la rivière des bougies
coule sous la foule
Un courant imaginaire
charriant au loin nos regrets
Entendre gronder
l'orage qui se rapproche
fou rire entre amis
Il pleut entre les deux rives
qu’importe… au théâtre on danse !
Liseron grimpant
Jusqu'à l'azur au zénith
Suivre un paille-en-queue
Lumignon à fleur d’espace
qui de l’astre ou de nous part ?
Imitant sa voix
J'entends rire les étoiles
de ce Noël - là
Remuer les oreillers
mes bottes près du sapin
ces
Contretemps d’un chant
-je cuisine en poésie-
dans ma vie aussi
En nostalgie une flûte
rejoint l'âme du kayanm
Songer au passé
danse, sinueuse lave
dans la fête cafre
quelques
Quel sentier de liberté
emprunteront nos pas demain ?
Unité de lieu
sur le théâtre du monde
le sud passe au nord
En un instable équilibre
croître et décroître au solstice
Lunatique essai
Oser tercet acrostiche
Lu en palindrome
Questionner le point de vue
crassiers devenus collines
Un infini bleu
découvert à chaque courbe
buisson d'hortensias
Equilibre sur un mur
le voisin taille ses arbres
Surfant sur le net
à la veille de Noël
j'adopte un corail
miettes
Malmenés par les humains
océans et thons en miettes
Ilot : notre terre
Plongeon dans l’opacité
De nos origines
Eden en ombres chinoises
derrière un rideau l'ennui
Terreaux, nom de place
des chevaux au col de bronze
naseaux ruisselants
Tournez, tournez, les manèges
et nos vœux à pleins wagons
Encore une année
sur le carnet à dessins
esquisse de carte
Simplement la nuit d'hier
se fond dans le jour nouveau
MM & BB
décembre 2019