Chanson de Marie-Noël (et couplets de M M et B B)
Quand il est entré dans mon logis clos,
J’ourlais un drap près de la fenêtre,
L’hiver dans les doigts, l’ombre sur le dos…
Sais-je depuis quand j’étais là sans être ?
les draps en fouillis
trois oreillers de plumes
retrouver ma page
(bb)
Mots couvrant la page
retrouver la mélodie
d’un chant d’autrefois
(mm)
Et je cousais, je cousais, je cousais…
Mon cœur qu’est-ce que tu faisais ?
il m’a demandé des outils à nous.
Mes pieds ont couru, si vifs dans la salle,
Qu’ils semblaient, — si gais, si légers, si doux, —
Deux petits oiseaux caressant la dalle.
fin de promenade
le coeur est moins douloureux
que mon gros orteil
bb
duvet des moineaux
sur le carrelage froid
le chat à mes pieds
mm
De-ci, de-là, j’allais, j’allais, j’allais…
Mon cœur, qu’est-ce que tu voulais ?
Il m’a demandé du beurre, du pain,
Ma main en l’ouvrant caressait la huche
Du cidre nouveau, j’allais et ma main
Caressait les bols, la table, la cruche.
avant l'aube, seule
goutte à goutte coulera
l'eau sur le café
bb
Café du matin
tasse nichée dans ma paume
je cherche mes mots
mm
Deux fois, dix fois, vingt fois je les touchais…
Mon cœur, qu’est-ce que tu cherchais ?
Il m’a fait sur tout trente-six pourquoi.
J’ai parlé de tout, des poules, des chèvres,
Du froid et du chaud, des gens, et ma voix
En sortant de moi caressait mes lèvres.
deux, dix et vingt fois
ramasser le pot des fleurs
Vent ! pourquoi cette ire ?
bb
Seuil de la cuisine
la poule rousse égarée
trente six cot cot !
mm
Et je causais, je causais, je causais…
Mon cœur, qu’est-ce que tu disais ?
Quand il est parti, pour finir l’ourlet
Que j’avais laissé, je me suis assise…
L’aiguille chantait, l’aiguille volait,
Mes doigts caressaient notre toile bise…
quand il est parti -
sur le dépose minute
ma moitié de vie
bb
L’oiseau solitaire
ce vibrato qui résonne
au bout de mes doigts
mm
Et je cousais, je cousais, je cousais…
Mon cœur, qu’est-ce que tu faisais ?
Rires envolés
reprendre en sa chambre close
le fil des pensées
mm