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suite d'automne ou de printemps austral :

quand les haïkus de l'été

prennent la forme de tankas

12 septembre

version de Blandine

(les vers en italique sont de Monique)

 

le sol dur à cœur

avant et après les livres

des pommes gelées ?

adieu vendanges précoces

au tonneau le vin travaille

Avant les livres
L'écorce des bouleaux blancs
Comme après les livres

Verlaine aux amours obscures

Imprimées sur papier bible ?

 

Désert de lumière

Les galets sont des caresses

Chair usant ma chair

Pierre ponce si légère

Autrefois lave sanglante

Caresse du vent
En nos cœurs de bois, de pierre
Entre un ciel léger 

Plus de vitraux aux fenêtres

Pour colorer vos prières

des toits en palmiers

au-dessus des eaux de pluie

la cheminée rouge

l’esprit du rhum évaporé

doucement descend la brume

Parmi ses affaires 
Sa carte d'immigration 
Partout en transit                      

Campements nourris de rien

Jusqu’au nouvel incendie

Ce cri à l'instant 
Retentissant jusqu'ici
Ouvre une blessure

Quand la queue du chat s’agite

Sage, retire ta main

Nous et nos regards

Tâtonnements à l’instant

Où la branche pousse

Avec l’aubier sous l’écorce

l’amour n’est pas toujours foudre

S’essayer oiseau

dans l’ombre de la mort douce

l’heure de la proie

les rêves n’ont pas de fond

tapissant le creux du nid

 

Main qui tremble fort
Posée sur le bol une ombre
Qu'on croirait oiseau

L’aube passe le volet

En picorant la tartine

un monde lointain

une rivière de terre

dans la main qui cherche

sous les grumes du raisin

une ammonite fossile

Accueillir la nuit
Dans la hâte de s'étendre 
Et d'être silence

Un repos intermittent

Tant que le lit fait un creux 

salamandre en flammes

Les filatures ressuscitées

Répit dans la guerre

Dans la traboule il résiste

Au désir de l’embrasser

 

Voyage antérieur 
Le murier ressuscité 
Émerge à l'instant

Il pleut des fruits couleur nuit

Leur jus marque ses deux paumes. 

Regard d’un poète

des fenêtres sous le ciel

accrochant l’étoile

un mur descend de la grue

pour occulter l’horizon

Mes yeux accrochant
Un astre inconnu au vol
Oh! Être Pégase... 

 accoudée au garde-fou

mon esprit caracolant

pays de la pluie

je marche comme étranger 

sans perdre mon âme

parfum imprévu en ville

d’un chèvrefeuille sauvage

 

La pluie fine et douce
Pour quelques instants je suis
Pomme sous les feuilles 

Le ver caché au noyau

En œuf déjà dans la fleur

Derrière le mur
Balancement d'un palmier 
Voyager plus haut

Senteurs d’ylang-ylang

des âmes du cimetière
 

Mes pieds en miroir

Balancement du palmier

De souche ancienne

Le grand talipot fleurit

Juste avant de disparaître

14 novembre 2020, Villeurbanne

Version de Monique

(les vers en italique sont de blandine)

 

Livres de côté 
Ma cervelle ouverte au vent
Tout à coup je crus
Être devenue étoile 
Qu'une rose choisirait 

 

le sol dur à coeur
Avant et après les livres
Les pommes gelées
 
Du pépin tombé en lave
Sortira pommier j'espère 

Caresse du vent
En mon coeur de bois de pierre
Entre un ciel léger 
Pour l'oiseau qui ouvre en moi
Ses ailes de liberté

Statues des rochers
Vent cinglant la mer à cœur 
Je me ferai eau

Et de l'éclaboussement
Ne garderai que l'écume 

Parmi ses affaires 
Sa carte d'immigration 
Partout en transit.  
Nulle chose nulle part
Ne dit que je suis chez moi

Des toits en palmiers
Au-dessus des eaux de pluie
La cheminée rouge                  

Quelque chose quelque part
Me dit que je suis chez moi

Regard sur les pierres
Tâtonnements de nos pas
Et une autre marche
Qu'il est long cet escalier 
Où s' essoufflent mes années! 

Le ciel infini?
Sur les pierres lézardées
Une autre blessure

Empreinte du temps qui court
Et nous abandonne là 

S' essayer oiseau

Dans l'ombre de la mort douce

L'heure de la proie

Quelques plumes sous les feuilles

Où la tourterelle à joué

 

La main qui tremble

Posée sur le bol une ombre

Qu'on dirait oiseau

Échappé à une cage

Que tu as ouverte poète !

Accueillir la nuit
Dans la hâte de s'étendre 
Et d'être silence 
Prier pour que nous épargne  
La mauvaise part des rêves 

Un monde lointain 
Une rivière de terre
Dans la main qui cherche 

Opération pralinage 
Tu seras arbre petit !

Baiser isolé 
Lumière des météores 
Sous le mûrier

En mon âme réfugié 
Ah ! Le goûterai-je encore ?

Voyage antérieur 
Le murier ressuscité 
Émerge à l'instant 
Souvenir d'Hiroshima 
Le camphrier irradié 

Mes yeux accrochant

un astre inconnu au vol

être Pégase                      

enveloppée de mes draps

suis-je fantôme d'un rêve?

 

Regard d'un poète

des fenêtres sous le ciel

accrochant l'étoile                

peut-être illusion déjà

d'un souvenir de lumière

la pomme qui tombe 

Des feuilles rouges en poche 

Son amant s'en va 

Pour le chemin du retour 

A-t-il semé des cailloux ? 

 

La pluie fine et douce 

Pour quelques instants je suis 

Pomme sous la feuille 

Attendre là que m'atteigne 

L'or d'un premier rayon

Mes pieds en miroir

balancement du palmier

de souche ancienne

Fille du cosmos, rejoins

l'étoile qui te convient

 

Une fleur fanée

sur un escalier de pierre

la ville sans rêve

le tamarinier rasé

où vont dormir les oiseaux ?

 

Saint-Denis de La Réunion

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