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Mars en jachère

Après l'intensité du mois de février et son nahaïwrimo pazunjoursanzunaïkou dirait la Zazie de Raymond Queneau ) notre cercle de poésie s'octroie une lunaison de jachère.

Aux ides de mars, l'année romaine recommençait à zéro.

Tandis que frl choisit trois haïkus de maîtres, bb ajoute à

cette anthologie des poésies chinoises de Sôseki

et mm nous lit (et nous relie !)

      1.... neige de l'hiver

« une maison
perce dans le silence
le secret de la neige »

Meiji

 

« plus de ciel ni de terre
la neige tombe
sans cesse »

Hashin

 

« j’ouvre la porte
pour jeter les feuilles de thé
une rafale de neige »

Sobaku

 

 

« Sur une peinture de Yûki Somei (novembre 1915)

 

Même après la neige au coeur de l'épais taillis

Ils sont encore très beaux, les bambous bien verts.

Mais c'est pitié de voir ces deux moineaux transis

Sous le vent brusque, au bout d'un haut rameau, si froid. »

 

Natsume Sôseki : Poèmes, édition Le bruit du temps

 

respiration

l’horizon caché
écouter la pluie battante
journée intérieure
frl

 

 

2...sakura de printemps

«les cerisiers en fleurs
tous les gens dont je me souviens
semblent si loin»

Shiki


«tant de choses
ils me rappellent
les cerisiers en fleurs»

Basho

 

«le marchand de sandales en paille
apporte la nouvelle
les premières fleurs de cerisier ont éclos»

Chiyo-ni

 

Natsume Sôseki Poèmes, édition Le bruit du temps :

Extrait de l'impromptu des jours printaniers, série commencée ou achevée le 24 mai 1912 

 

"Des rossignols voltigeants m'ont tiré d'un rêve

Une pluie ténue s'en vient en mouillant les fleurs

D'hier soir, la printanière mélancolie

Se retrouve un peu dans la verdeur de ces mousses"

respiration

 

la brise légère
agite les grandes branches
entre deux cyclones ?
frl

 

3... la chaleur de l'été

 

«un chapeau en bambou
traverse le champ de millet
quelle chaleur ! »

Yayu

 

«le marchand d’éventails
son fardeau de vent sur les épaules
quelle chaleur !»

Kako

 

«avec la cloche du soir
se dissipe
le reste de chaleur»

Chiyo-ni

 

 

"Vent doux et flots unis, le temps même du mois de juillet.

La vive clarté pénètre l'été de sa plénitude.

Au sortir d'un nuage, les voiles en mille points blancs

Que le lointain rassemble, où l'on voit mer et ciel confondus."

 

Sôseki, Copeaux, août 1889

 

 

Respiration (s)

le son des oiseaux 

une invitée attente

moiteur de saison

frl 

 

le nez toujours pris

voir le soleil qui s'effondre

malgré l'équinoxe

bb

4... souffle automnal

«vent d’automne
à la manche s’accroche
un petit papillon»

Isa

 

 

«avec le vent d’automne
tournoie dans la montagne
le songe de la cloche»

Chiuo-ni

 

«pas le moindre vent
les feuilles du paulownia
tombent»

Bonsho

 

Sans titre, 3 octobre 1916

 

"A chercher derrière un papillon les fleurs, l'on se perd vite.

Le soir, de retour au bosquet, l'on fait bien peu de rencontres.

 

Du rouge pour louer les grands d'hier, leurs mots inspirés ;

Du vert pour être au delà du cours du temps, les pins superbes.

 

Hors de l'artifice, le vent pauvre, à travers les solitudes ;

Dans le silence, la rosée figée, couvrant les lotus.

 

Le mont bien haut, le jour bien court, l'automne tire à sa fin.

Etreignant l'édredon pour les froids, j'entrerai dans l'hiver."

Sôseki

Respiration finale

voici l’heure d’été 

presque dans le même rythme

de l’amie au loin

frl

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