La semaine des 4 jeudis
Le vendredi de Blandine
Vacances d’hiver
à l’horizon les préalpes
toujours bleu sapin
Eclat de soleil
sur la tête du Mont-Blanc
miroir du matin
Néon et béton
Eau chaude et café soluble
Retour à la ville
D’un bond sur la rampe
mon chat au-dessus du vide
le cœur en chamade
Rester enfermé.e.s
une fumée blanche en face
conclave laïc
Entendue en boucle
l’épidémie médiatique
...coronavirale
D’un bond en terrasse
le chat serré dans mes bras
quatrième étage
Inventaire fait
coup d’œil aux livres en cours
laissons pour demain
Le vendredi de Monique
Veines saillantes
ma main guignant la sagesse
claque un moustique
Entre camp et camp
une île pourrait jaillir
rêve de migrants
Ni ange ni bête
ils se prennent pour le ciel
nuages de pluie
Dessus mon café
quel étrange polygone!
ancien prof de maths
Rassurer l'enfant
sa peur d'être abandonné
dans chaque souffrant
Entre nuit et jour
l'araignée tisse barrière
franchie yeux mi-clos
Déjeuner express
pour les merles du balcon
la liane poc-poc
Illumination
dans le béton du trottoir
fleur jaune soleil
Le dimanche de Blandine
Douce lumière
un seul volet enroulé
chercher la pénombre
iIe miniature
plante verte aux airs de palmier
milieu de la pièce
Mains près des orteils
-chat ce n’est pas pour tes griffes !
tapis de yoga
Arbres printaniers
en marchant le nez aux branches
on oublie les chiens…
Nettoyer l’évier
plus de casseroles en cuivre
je plie le torchon
Chemin de l’église
le son de l’accordéon
remplace les cloches
Habits du dimanche
chaussette blanche et peau noire
le petit garçon
En forme de coupe
ce garde-corps de fenêtre
déjà vu ailleurs
Le Dimanche de Monique
Dodelinement
un ballon passe et repasse
fin d'après-midi
Irisation
au soleil et au vent
feuilles ou fleurs
Morue au bouillon
âcre effluve qui prélude
alléchant rougail
Académicienne
il y a quarante ans
la première femme
(Marguerite Yourcenar)
Nuit électrique
comme un tableau de Paul Klee
du rouge et du bleu
Cambare lianant
dessous, dessus la clôture
retour aux racines
(cambare ou kanbar: nom créole de l'igname)
Hésitant encore
l'oiseau occupe l'espace
entre terre et ciel
Elles ne reviendront pas
fleurs de cerisiers
fin du rêve de mars
8 mars 2020
Le mardi de Monique
Méditer
Sur une phrase de Bobin
Quand tombe la pluie
Avancée de brume
Se détachant des montagnes
Un nouveau monde
Rumeur de la ville
J'entends gronder l'océan
Ou pneus qui croissent?
Droit sur sa tige
Liseron après la pluie
Sans un faux pli
Il pleut il mouille
Au pied de l'avocatier
Oeufs d'escargot
Le mardi de Blandine
Musiciens en cercle
au centre bombent les ouds
harmonies qui tournent
Au centre les ouds
regard qui lance un départ
nos flûtes ensemble
Regards entre nous
devant la fosse des ombres
un smartphone luit
Devant le public
Incantation douce et rauque
accelerando
incantations
l’orient vient avec l’orchestre
répons du roseau
Le jeudi de Blandine
Jeux de dialogue
désuétude du lieur
affiches aux murs
Extraits de ciné
tableau retiré de l’ombre
au temps du muet
Usage du bruit
repassant la bande-son
échos des talons
Du creux dans Bunuel
parole sur des images
l’une masquant les autres
Idéal haïku ?
L’encre le geste et la pensée
Effaçant tout « ça »
Le jeudi de Monique
Jouer sur les mots
perce-oreille et la perceuse
jouer avec les nerfs
Effacer d'un trait
le gris du ciel matinal
envol de moineau
Un virus.... un jour
deux cents nouveaux cas de dengue
nous aussi nous nana
Dernières mangues
d'un coup de vent balayées
vertes ou mûres
Indifférente
à mes cris la chatte joue
avec les tessons
12 mars 2020
Le JEUDI de Monique
Jardin de rosée
aux chemins dans l'herbe folle
se perd l'escargot
Enfant ces bouquets
ramenés de pleine ronce
mes mains toutes ridées
Une mouche passe
rêverie interrompue
revenir au monde
Des mots dessinés
calligraphie d'arabesques
l'oiseau sans limite
Imitant son chant
nos krouèks cacophoniques
prélude àl'envol
mm
Le JEUDI de Blandine
Journée de grisaille
Pluie magnifiant les contrastes
Zébrures du bois
Entre les pruniers
Le grand pin dresse son mât
Gréé de voilures
Un magnolia blanc
Maman le nomme étoilé
cœur du monastère
Dentelle d’albâtre
Entrelacs de marguerites
Joignant les époux
Infortunées femmes
Vos noms de fleur réunis
Gisantes de Brou
bb
le Samedi de Blandine
Sur l’angle du mur
la vasque de succulentes
du siècle passé
Au marché du jour
une botte de poireaux
souvenir des brèdes
Midi au soleil
trouée entre les nuages
ombre des balustres
Ecrit corrigé
acrostiche à la Perec :
un e disparu
D’une main taper
sur le clavier un poème
l’autre pour le chat
Il ne pleuvra pas
Jour de repos au chantier
quartier chrysalide
le Samedi de Monique
Sombre est l'horizon
emmailloté de brume - oh!
qu'il est doux ce gris!
Attendre un rayon
perçant les nues épaisses
avec l'oiseau
Monts entraperçus
une barre bleue ouvrant
le ciel tout au bout
Eclaircie timide
du bleu sur la corde à linge
lessive faite
Derrière un rideau
si tu fais le mort cétoine
qui me portera chance?
Impressionnisme :
sur l'herbe humide un jasmin
sème ses étoiles
Le lundi de Blandine
Lune dans le puits
Le renard de La Fontaine
En fait un fromage
Un geste de main
Le bus dépasse l’arrêt
Et m’attend
Nuit avec nuages
Est-ce leur ombre sur la lune ?
Le feu passe au vert
Dos à la route
Je m’installe dans le livre
Transports en commun
Improvisation
Clarinette à l’orientale
Bourdon du violon
Le lundi de Monique
Lenteur du jour qui se lève
vivre au rythme de ta course
ô soleil!
Un tableau de ciel
nuage après nuage
la terre respire
Nobody's perfect
Le chat revient la queue basse
lézard au plafond
Décrire la lune
dansant avec les nuages
prête-moi ta plume...
Infini de teintes
enjambant les montagnes
imagine une arche
Le mercredi de Monique
Mon nom sera Nuit
l'une posée Sur mon Front
poinçon d'orfèvre
Elle... elle... elle... écrit
conférence... découvrir
ma voisine Auteure ?
Rompant le silence
la musique de la pluie
enfouie sous le drap
Cocon qui nous reste
fleur née de pleine lune
écume des jours*
Rythme paresseux
du café coulé - grand-mère
au coin du feu
Épidémie
le printemps sera-t-il
confiné aussi?
Digdig sur mon cou
la feuille et le vent - ce chant
aux accents moqueurs
Imitant le câble
la liane fait long chemin
pour atteindre l'arbre
*L'écume des jours : Boris Vian aurait eu cent ans.
Le mercredi de Blandine
Mouchoir en papier
des réserves dans les poches
pour tenir le jour
Ecrire au pinceau
respectant l’ordre des traits
manuel de kanjis
Route retournée
de la terre en liberté
un air de campagne
Contrebassiste
en velours côtelé brun
les veines du bois
Radio « sommeil »
une histoire de Joséphine
tout en s’endormant
En gommant le "e"
sur le cahier d’écriture
une vie de femme
Danseurs au campus
répétition suspendue
toujours le virus
Il fait un peu gris
cherchant le dernier poème
déjà le jeudi